Salut Roger, et merci!


Ils sont nombreux, les journalistes, à porter le deuil. L’homme qui vient de mourir d’un cancer à l’âge de 65 ans était pour beaucoup d’entre eux un frère, mieux un père. Une école à lui tout seul, Roger de Diesbach. Un mentor du journalisme d’investigation qui s’est efforcé sans relâche de façonner à son idéal toute une génération de professionnels de l’information en Suisse romande mais aussi au delà.

Car l’aura du personnage dépassait les frontières de sa chère Sarine. Issu d’une noble famille fribourgeoise, fils et petit-fils de militaire, Roger de Diesbach regrettait une enfance trop corsetée à son goût, marquée par des séjours à l’internat dont il était sorti meurtri. Le journalisme fut, pour lui, d’abord un exutoire, ensuite une véritable vocation. A l’ATS où il fit ses premières armes, ainsi qu’à la “Tribune de Lausanne” (l’ancêtre du “Matin”), il se révéla d’emblée comme un enquêteur hors pair. Les sujets mêlant les intrigues de l’armement et de l’économie avaient sa préférence. Mais c’est au sein du Bureau de reportage et de recherche de l’information, le BRRI, qu’il a fondé dans les annés quatre-vingt, puis au “Journal de Genève” qu’il donna toute la mesure de son talent de formateur. Combien de reporters aguerris, combien de plumes critiques n’ont pas trouvé une référence dans sa manière de travailler, empreinte de minutie et de ténacité.

Roger de Diesbach savait exploiter ses relations et soigner ses sources. Il choisissait ses collaborateurs au mépris des conventions et du qu’en dira-t-on. Venant de lui et prononcée avec tendresse, l’expression “sale type” était un compliment. Les chasseurs de scoop avaient droit à son respect. Amoureux de Fribourg et de sa faune, il ne se lassait pas d’emmener l’hôte de passage dans les rues basses où il tutoyait tous les piliers de bistrot.

Sous son règne, “La Liberté” a connu une croissance sans précédent, multipliant les accords avec d’autres titres. Roger de Diesbach ambitionnait de faire un journal couvrant plusieurs régions, de Berne à Genève. Seule la maladie a pu interrompre ce rêve.

Salut, Roger, et merci!

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